vendredi 9 mai 2008

Besancenot: L'étrange popularité d'un homme dangereux

La France est décidément bien myope. Elle voit des anges là où il faudrait voir des démons. Dernière preuve en date: l'émission "Vivement dimanche" reçoit cette semaine Olivier Besancenot.

Je suppose que le CRAN ou SOS Racismes seraient déjà dans les rues si Le Pen, qui a tout de même fait deux fois plus de voix que lui, allait poser son sinistre derrière sur les banquettes rouges du studio Gabriel. Au son des "Touches pas à mon émission dominicale" et des "Drucker-Hitler, même combat", notre beau pays s'insurgerait contre la complaisance des médias et l'exposition honteuse offerte à ce danger public.

Pour tout vous dire, je ne serai pas bien choqué si tel était le cas. La diabolisation de Le Pen m'agace certes, parce qu'elle ternit considérablement certains débat, mais je dois dire que je n'ai aucunne sympathie pour ce personnage, ou même pour sa fille. Il faut toutefois admettre qu'ils se battent avec courage contre un bulldozer anti-extrême-droite particulièrement efficace et réactif.

Ce qui me choque ici, c'est qu'il n'existe pas chez nous, qui sommes convertis à l'économie de marché et à une justice sociale basée sur l'ordre, un même rouleau compresseur envers l'extrême gauche, et encore plus envers sa frange révolutionnaire.

Voilà un tenant d'un bousculement total de notre mode de vie, pronant un modèle qui n'a jamais fait ses preuves pour la simple raison qu'il n'est pas viable dans une société où l'individualisme primera toujours en dernier ressort, et que les gens affectionne néanmoins. Est-ce parce qu'il est jeune, idéaliste et postier?

Par tradition (monde ouvrier, mai 68...), les Français, entraînés par des médias qui sont friands d'une vraie figure d'opposition, sont sensibles à ce genre de profil, qui inspire une certaine confiance. Car ici, la réussite est un vilain mot. Un yacht ou une belle voiture font jaser, alors même que la majorité en rêve. Je préfèrerai vivre dans un pays où l'on nivelle par le haut. Mais la simplicité l'emporte encore.

Olivier Besancenot est un révolutionnaire qui n'est pas dangereux uniquement parce qu'il n'aura, Dieu nous en garde, jamais le pouvoir. Plus d'un tiers des sondés lui accordent leur approbation dans les baromètres, alors que cet homme là n'a jamais vraiment écarté la violence de l'option révolutionnaire. Voilà un homme qui se nourrit de fantasmes politiques et sociaux, sans que personne ne s'en aperçoive réellement.

Et notre imbécile de Drucker tombe dans le panneau qui fait d'un extrêmiste un meilleur extrêmiste qu'un autre. A droite comme à gauche, ces gens là font fausse route. L'histoire l'a prouvé. Le présent le prouve. Les failles du modèle actuel sont humaines, pas structurelles, et il faut plus que jamais le défendre, et comprendre que ses détracteurs de fond servent une certaine idée du chaos.

Alors Dimanche soir, il passera encore pour un sympathique défenseur des opprimés, parce que sa révolte donne dans l'émotion, et est sans doute sincère. Mais n'oublions pas le terrible "R" dans le nom de son parti.

Que Drucker invite tout le parti socialiste si ça le chante, mais pas lui, car l'étonnante conscience française en a fait un garçon aimable alors qu'il est à classer dans la catégorie des personnalités controversées.

Alors Dimanche, taillez des haies, courez au parc, allez au ciné, mais n'allumez pas France 2!

mercredi 16 avril 2008

Quand les les beaux jours reviennent, les lycéens ressortent dans la rue

[On m'excusera tout d'abord mon absence de plus d'une semaine dûe à diverses activités personnelles très prenantes (notamment la grasse matinée).]

La réforme de l'éducation nationale voulue par le Président et pilotée par l'excellent Xavier Darcos n'a pas fini de faire grincer les dents d'une catégorie d'immobilistes qui perpétuent une image bien molle de notre pays: ceux qui manifestent par réflexe. Et je me permets ici de citer un des plus grands penseurs de ce début de siècle, en l'occurence mon père, dans sa définition fort bien sentie de l'immobilisme: "Tout le monde est d'accord pour que tout bouge à la condition que rien ne change." Toute l'idée est là.

Et il est bien un milieu où ceci s'applique, c'est celui de la sacrosainte éducation nationale. En effet, il n'est pas une décision touchant à ce mammouth indomptable qui soit prise sans qu'on fasse prendre l'air au banderolles, pour évite le pourrissement, entre République et Nation. A cela, deux explications principales, et contre lesquelles il est difficile de lutter.

Premio, il faut se persuader que l'école appartient à la République, et non aux professeurs. Si ces derniers ont leur mot à dire, il est temps que l'on comprenne que c'est le ministère qui est à la tête de la maison, et pas un consortium d'instituteurs qui pensent détenir à eux seuls les clefs de l'enseignement. Trente années de tableau noir ne confèrent en rien une équivalence d'administrateur, tout au plus portent-elles au poste d'observateur avisé.

Je n'ai rien contre l'idée que les profs donnent leur avis, mais ils ont toujours représenté une force majoritairement à gauche dans une république qui a connu tout au plus quinze ans de socialisme. Dès lors, on comprend mieux pourquoi ils battent le pavé à chaque occasion. Mais ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit: tous les enseignants ne sont pas de gauche. Cependant, il existe chez eux une fraction contestataire par tradition qui vient ternir l'image de la profession et encourage la jeunesse à s'opposer de façon primaire.

Parlons donc de cette jeunesse qui profite du redoux pour arpenter les rues en brandissant leur anti-sarkozysme de bas-étage. C'est la deuxième explication. Il y a une émancipation et un irrespect hérité de mai 68 qui se sont développés chez elle, qui témoigne peut être d'un ennui, et sûrement d'un laxisme inavoué. Notre pays a pollué les rapports du maître à l'élève, érigeant la liberté et l'indépendance du second en principe intouchable, alors même qu'il est à un âge où sa fougue doit être canalisée pour être créative et positive.

Je ne pense pas qu'un mineur doit obéïr bêtement au "sois bête et tais-toi", car la valeur n'attend pas toujours le nombre des années. Mais l'apprentissage de la sagesse est un long chemin, dont je n'ai moi-même pas vu le bout. Sur cette route, tout ce qui est fait par excitation ou grégarisme est la plupart du temps mauvais. La preuve est donnée lorsqu'on entend ces lycéens s'exprimer dans les cortèges: ils dissertent souvent mal d'enjeux qui leur échappent. Mais n'ayons crainte! Ils finiront bien par être de droite, comme tout le monde! pouf pouf.

Il y a concernant les suppressions de postes une désinformation hors du commun, comme souvent dans les mouvements sociaux. Il m'apparait assez légitime d'enfin dégraisser le mammouth quand celui-ci a perdu presque 140000 élèves en trois ans! Certains font leur beurre de ces incompréhensions, et le gouvernement manque probablement de pédagogie à ce sujet.

Concernant les blocages, ils sont révoltants. Je n'aurai cesse de me battre contre ces pratiques liberticides. J'aimerais voir la tronche de ces bloqueurs aux cheveux gras si j'allais barricader leurs salles de classe au nom d'une lutte à laquelle ils n'adhèrent pas. Libre à eux de manifester si ça leur chante, mais qu'ils ne se livrent pas à ces chantages odieux, qui sont souvent la seule arme d'une minorité agissante que je considère attardée.

Sur ce, puisque je n'ai pas de bac à réviser, je vais aller manifester seul pour le mouvement et le progrès, choses contre lesquelles certains de nos lycéens se battent, souvent sans le savoir.


PS: Ce vendredi, j'irai fleurir la tombe de Pierre Desproges au Père Lachaise à l'occasion des vingts ans de la cruelle absence que nous a imposée son cancer. Je vous invite à faire de même, ou à avoir une pensée pour ce trublion génial.

samedi 5 avril 2008

Halte à la récupération politicienne!

Un sans-papier est décédé hier après avoir plongé dans la Marne lors d'une rapide course-poursuite avec la police, après que des agents aient désiré contrôler son identité puisqu'ils avaient constaté qu'il empruntait le RER sans titre de transport. Je vais me permettre de partir de ce postulat. Si jamais l'enquête qui a été commandée à la police des polices après cet accident venait à le modifier, je vous prierai de bien vouloir lire ce billet avec à l'esprit ce petit préalable.

Donc, si les faits sont avérés, des policiers ont pourchassé un homme, qui s'est trouvé être sans papiers, et qui a eu l'idée quelque peu saugrenue de sauter à l'eau pour échapper à la maréchaussée.

Le premier constat qui me vient, et je ne suis pourtant pas Sherlock Holmes pour aboutir à une telle évidence, c'est que les policiers ne pouvaient savoir qu'il fût un immigré illégal. Ce n'est pas marqué sur leurs fronts à ce que je sache. Il aurait très bien pu prendre la fuite parce qu'il était déjà recherché, parce qu'il avait quelque chose à se reprocher, ou que-sais-je encore? Il aurait très bien pu également ne pas avoir de papiers parce qu'il les avait oublié chez lui. Donc, il ne faut pas avoir fait polytechnique pour dire que les gardiens de la paix lui ont couru après non par ce qu'il était sans papiers, mais parce qu'il s'était soustrait à un contrôle de police justifié par une première infraction. Je ne dis pas pour autant que les policiers ont agi de la sorte sans que sa possible condition de sans-papier ne leur vienne à l'idée. Cependant, ils n'ont fait que courser un suspect, voilà tout.

Mais il aurait été trop dommage que ce drame ne provoque pas quelques rebonds dans le camp de la bien-pensance et des pourfendeurs de la tyrannie gouvernementale. En effet, le parti socialiste a parlé du "climat de terreur" instauré par le gouvernement à l'égard des immigrés sans droits. Je ne parle même pas des réactions des associations droit-de-l'hommistes par essence qui nous ont gratifié d'envolées humanistes et humanitaires à l'encontre du régime en place, qu'ils voudraient volontiers xénophobe.

C'était plus fort qu'eux. Ils avaient beau être assaillis par ce curieux sentiment qu'on appelle la pondération, les socialistes ont été obligés d'ériger cet accident malheureux en terrible sacrifice d'un innocent par un gouvernement sacrilège. Ont-ils réellement besoin de récupérer le moindre fait pour former leur attaque? A se placer perpétuellement dans le camp des fraudeurs, au nom d'une ligne de conduite qu'eux-mêmes ont admise comme intenable (souvenons-nous des fluctuations de la politique d'immigration sous Mitterand), ils ne font que jouer le jeu incessant et indécent de ceux qui chérissent les causes lorsqu'ils n'ont pas la responsabilité des conséquences.

Il faudrait tout de même savoir où l'on désire placer le curseur. De quel côté de la ligne sommes-nous? Auprès des délinquants, des fraudeurs, des fuyards, ou auprès de ceux qui savent que la vie en communauté passe par le respect des règles et de certaines normes? Il est facile de se donner bonne conscience lorsqu'on qu'au final on a presque aucune influence sur le cours des choses. Accuser de faire la chasse aux illégaux? Quelle drôle d'idée! Se mettront-ils un jour à dénoncer la lutte anti-drogue?

Un peu de bon sens, Mesdames et Messieurs de l'opposition avec un petit o. Tâchons de ne pas oublier qu'une personne qui saute dans la Marne ou se défenestre à l'arrivée de la police est une personne qui ne veut pas tomber dans ses griffes pour une simple et bonne raison: elle a enfreint la loi.

La lutte contre la délinquance et la criminalité semble désormais, aux yeux d'une frange de la population qui a bien trop d'influence (je m'comprend!), fonctionner en miroir: les hors-la-lois deviennent les victimes, et les policiers sont les sbires sans scrupules d'un pouvoir d'oppression. Revenons à la raison: police n'est pas milice. Bien au contraire. Les banlieues française se sont embrasées en 2005 parce que deux jeunes sont morts en fuyant la police. On a beaucoup péroré sur le zèle policier, on les a assimilés à des cowboys... Mais les interrogations fondamentales demeurent: et si ces adolescents s'étaient rendus, comme tout bon citoyen? Et pourquoi les forces de l'ordre devraient assumer les dangers que prennent ceux qui veulent les éviter?

Je ne me lasse pas de lui taper dessus, mais le PS a encore une fois fait preuve d'un laxisme et d'une mauvaise foi à toute épreuve. Il a instrumentalisé la mort d'un être humain à son profit, démontrant, bien que la preuve fut faite depuis belle lurette, qu'il n'est pas capable de concevoir le poids des responsabilités inhérentes à ceux qui gouvernent.

Un homme est mort pour rien, ou si peu. Mais personne ne l'a forcé à sauter de ce pont. Les socialistes auraient bien mieux honoré le souvenir de ce pauvre bougre en évitant d'en faire le martyr qu'il n'est pas.

mercredi 2 avril 2008

"Qu'est-ce qu'on s'ennuie!""Et si on faisait une motion de censure?!"

Quelqu'un a-t-il entendu nos amis de la gauche ne serait-ce que tousser lorsque l'envoi d'avions de chasse en Afghanistan a été annoncé? Ils ont trouvé dans la récente décision de dépêcher des renforts dans ce pays - où l'on continue de se battre - une nouvelle chance de mettre à jour leur incohérence comme leur inconséquence

Des soldats français, il y en a déjà, là-bas. Ils mènent la seule "guerre contre le terrorisme" qui vaille, c'est-à-dire une bataille justifiée contre les talibans, aux côtés de ceux qui restent nos amis. Les déclarations ne suffisent pas, il faut savoir mettre les mains dans le cambouis.

J'aimerais voir, histoire de me marrer un petit coup, Monsieur Ayrault à la tête du gouvernement (attention, deux minutes, pas plus!). Il fustige un "alignement sur la politique américaine". Mais en quoi cela est-ce choquant en ce qui concerne l'Afghanistan? Croit-il, au simple prétexte que l'Irak est un désastre, que la politique américaine dans sa totalité est une hérésie? Tiendrait-il un discours aussi insultant envers nos amis américains s'il était aux manettes? Certes non. C'est l'UMP qui a utilisé le terme en réponse à leur motion de censure: c'est de la politique politicienne.

Il faut bien vivre, exister sur les bancs du Palais Bourbon. Alors, entre la lecture de l'équipe et quelques jets de boulettes de papier, notre bon vieux PS se fend d'une petite motion de derrière les fagots, dévalorisant au passage cet acte, qui peut marquer par sa rareté, chose atténuée par son utilisation abusive. On se demande bien pourquoi ils ont décidé de frapper sur ce point précis, alors que d'autres sujets concernant les relations internationales sont bien plus polémiques (ratification du Traité de Lisbonne, indépendance du Kosovo, intervention au Tchad...).

Je crois tout simplement que nos amis socialistes veulent "s'acheter un renom de vertu à peu de frais", pour paraphraser Chateaubriand, en adoptant aux yeux du grand public la position soi-disant pacifiste qui a pu faire le succès de Chirac. Mais dans ce cas précis, il ne s'agit pas d'aller faire la guerre, il s'agit de porter l'estocade aux terroristes qui trouvent refuge dans ces lointaines contrées. Pourquoi pas se plaindre de l'insécurité et critiquer dans le même temps la présence policière? Il faut être clair: si on pense que le terrorisme est une menace réelle pour notre pays, et qu'en tant que grande puissance on ne veut pas se comporter en victime, il faut agir, ce qui par ailleurs a déjà été acté.

Cette motion est une énième gesticulation, une piqûre de rappel de l'absurdité socialiste. Elle nous montre également à quel point les oeillères de certains pontes du parti sont inamovibles, puisqu'ils insistent à vouloir faire de l'atlantisme une valeur négative, comme si l'histoire n'avait aucun sens, et comme s'il était impossible d'accepter un puissant allié avec ses défauts. Ils s'allient bien entre eux à ce que je sache, ces éléphants, et ils en ont pourtant un paquet, de défauts! En tout cas, dès qu'il s'agit de faire de l'esbrouffe, ils oublient leurs petites querelles.

S'ils continuent à user de ce recours là à mauvais escient, nous ne sommes pas loin de voir un jour une motion de censure contre la couleur du dernier Dior de Carla.

vendredi 28 mars 2008

Arlette Chabot, un prénom bien porté

Petit coup de sang rapide. Hier j'ai regardé la fin de l'émission "A vous de juger" présentée par Arlette Chabot. Elle portait sur un éventuel boycott des JO.

Le plateau était rigolo:
- Rama Yade, qui a fait une belle perf', et qui est de plus sacrément canon pour un ministre.
- Duhamel, qui cabotinait tranquille.
- Stéphane Diagana, qui a été admirable de justesse pour représenter l'avis des sportifs.
- Laurent Joffrin, qu'on s'évertue à interroger sur son avis sur Sarko comme s'il était un expert neutre, alors qu'il manque de la finesse et de recul nécessaire au journalisme (la preuve, il bosse pour Libé)
- Un représentant de la Chine, seul contre tous, s'exprimant dans un bon français, ce qui nous fait dire que les positions chinoises ne sont pas délirantes à cause d'une erreur de traduction.
- Laurent Fabius, qui passait par là.

La discussion était courtoise, et le monde n'en a pas été bouleversé.

Ce que je voudrais dire, c'est mon agacement vis-à-vis d'Arlette Chabot. Elle coupe la parole, interprète les dires des invités selon son bon vouloir, et en méprise certains, comme le Chinois, qui s'en est pas trop mal sorti, il faut lui concéder ça. Et surtout, la chose la plus étonnante s'est passée à la dernière minute. Comme cela se fait souvent, elle présente des livres et des magazines. A part le Nouvel Obs, qui traitait de la question de JO et des droits de l'homme (et encore, elle a tout de même fait la pub d'un numéro encensant Mai 68!), que présente-elle? Accrochez-vous à votre souris, parce que ça chauffe:

- Le roi est nu, de Joffrin, brulot anti Sarko qu'il a écrit, blessé dans son for intérieur qu'il était de s'être fait taclé par le Président après sa pique sur la "monarchie présidentielle".
- Un livre de Kahn, qui revendique sa mal-pensance pour éviter qu'on le prenne au dépourvu en le critiquant sur ce point.
- Le Liquidateur, de Moscovici, connu pour son affection pour le Président.

J'espère que, comme moi, vous trouverez intolérable de ne présenter que la presse et la littérature anti-sarko, par ailleurs éloignée du sujet, comme s'il s'agissait des derniers articles et livres à la mode. Je sais bien qu'il n'y a pas tant de bouquins pro-sarko (et c'est bien logique, il est toujours plus aisé et pertinent de critiquer que de faire l'éloge), mais tout de même, trop c'est trop. déjà que la présence de Joffrin est une pillule dure à avaler...

Pourtant, c'est la télévision publique, et Madame Chabot y est directrice de l'information. J'eus aimé qu'elle fut encore en période d'essai pour qu'elle ramasse ses trombones, ses cliques et ses claques, et nous libère enfin de sa médiocrité télévisuelle.

mardi 25 mars 2008

Reporters Sans Peur et Sans Reproche


Les autorités grecques ont relâché hier soir les trois activistes de Reporters Sans Frontières, dont leur dirigeant Robert Ménard, qui avaient perturbé le déroulement de la cérémonie d'allumage de la flamme à Olympie. Agitant leurs drapeaux où les cinq anneaux sont remplacés par des menottes, ils se sont placés dans le champ de la caméra, juste derrière l’officiel chinois qui discourait, avant d’être neutralisés par le service d’ordre. La télévision chinoise, qui diffuse toujours en léger différé au cas où par malheur des signes malencontreux de démocratie ou de liberté venaient à se glisser dans ses programmes, a censuré ce passage.


J’aime l’ordre. J’abhorre les trouble-fêtes. J’en ai fait les frais avec mon ancienne association étudiante, lorsque des anti-CPE qui sentaient la vinasse et la bêtise sont venus interrompre une manifestation que nous organisions, le Concours de Plaidoiries des étudiants lyonnais. Ces gars-là, avec qui il était impossible de palabrer, méritent le bagne. Ils sont venus, ils ont semé le désordre, et ils sont repartis encore plus imbéciles qu’ils n’étaient arrivés. Dans ce cas, c’était disproportionné, méchant, petit. Souvent, ce type d’intervention est stérile et dessert la cause soutenue (voyons les intermittents du spectacle aux Césars !).


Mais ce qui s’est passé en Grèce, je le cautionne entièrement, si tant est que qu’on puisse se soucier de ma caution. Prendre la décision d’accorder les JO à la Chine était sage, car c’était l’ouvrir un peu plus au monde et lui donner la chance de montrer un visage plus conforme aux exigences démocratiques modernes auxquelles elle semble d’ailleurs indifférente. Mais la Chine n’est ni plus ni moins qu’une dictature, et il s’agirait de ne pas l’oublier. Elle muselle la presse, et organise des campagnes diffamatoires envers ses opposants, comme le Dalaï-lama (elle l’a accusé d’avoir organisé les heurts avec les forces de l’ordre chinoises au Tibet !).


Alors Ménard et sa clique, qui en dehors de ces coups d’éclats mènent en permanence une action nécessaire de dénonciation des dérives vis-à-vis des journalistes, ont eu raison de faire ce qu’ils ont fait. Par leur lutte, ils fournissent un éclairage sur le problème éthique que pose ces Jeux, qui glorifient certaines valeurs que la Chine n’honore pas. Et je suis heureux de voir que certains n’hésitent pas à évoquer un boycott de la cérémonie d’ouverture. Tout cela me semble très sain, car l’enjeu est suffisant pour se livrer à de tels agissements, que d’habitude je réprouve.


Pour un peu, ça me donnerait envie d’aller brandir une bannière Vasteprogramme derrière la tribune au prochain congrès de la LCR.


PS: Un peu de pub: j’ai évoqué dans ce billet le Concours de Plaidoiries des étudiants lyonnais. La quinzième édition a commencé aujourd’hui. C’est tous les soirs à partir de 18 heures à la Manufacture des Tabacs à Lyon. La finale est le jeudi 10 avril (plus d’info sur http://www.adely.org/).

vendredi 21 mars 2008

L'Amérique telle qu'on ne l'aime pas: la plaie irakienne

C’est un bien triste anniversaire que nous avons fêté cette semaine. Le 20 mars 2003, les Etats-Unis pénétraient dans l’Irak de Saddam Hussein. A l’issue d’un conflit rapide et grâce à l’invincible armada américaine, les stars and stripes flottèrent rapidement sur Bagdad. La guerre était gagnée.

C’était l’époque où Villepin et Chirac m’avaient impressionné, en s’opposant farouchement à cette démonstration de force. Quand Colin Powell (dort-il encore la nuit après cela ?) agitait des fioles remplies de farine pour alimenter la panique de l’anthrax autour de la table du Conseil de Sécurité, le résident du quai d’Orsay déclamait un discours humain qui honorait la France. Force est de constater que cela n’a pas servi.

Je me souviens en effet de ces journalistes américains commentant le déboulonnage de la statue de Saddam, et raillant le pacifisme des dirigeants français. Dans Bagdad pétrifiée par les combats, quelques caméras, quelques G.Is et des chauffeurs et interprètes, avaient suffis à faire croire que les libérateurs avaient la main, que la démocratie était en marche. La manipulation était grossière. Elle nous rappelle que la propagande reste l’arme absolue.

Pour les belligérants, le but ultime est d’occulter l’horreur de la guerre pour mieux exalter l’héroïsme et les victoires. On parle des morts bien entendu, mais on ne les montre pas. Certains drames sont déguisés en dommages collatéraux. Il en va ainsi depuis que les reporters ont investi le champ de bataille. En Irak, ils étaient intégrés aux unités combattantes (c’est le système d’embedding). Toutes les informations étaient filtrées. Et lorsque une certaine réalité émergeait malgré tout (tortures, bavures…), on érigeait la poursuite de ceux qui l’avaient perpétrée en publicité sur la rigueur de l’armée vis-à-vis des écarts de conduite.

On ne se souvient que trop bien du sauvetage de la soldate Jessica Lynch, du « we got him » de Paul Bremer, concis, efficace, américain. La vidéo de l’odieuse exécution de Saddam, qui nous rendrait ce tyran presque sympathique, est dans tous les esprits. Mais l’Irak durant cinq ans, ça n’a pas été cela. Ça a été tout ce sur quoi nous zappons tellement l’horreur a été banalisée.

Un attentat suicide sur un marché ? Information vue et revue, lue et relue, entendue et réentendue. Alors on change de chaîne pour trouver plus original. Pourtant, l’information est toujours là. La violence est présente, ancrée dans le quotidien d’un peuple qu’on a voulu "sauver" au prix de milliers de morts. 90630 selon Iraq Body Count. D’autres estimations tablaient sur 200000. Certaines querelles de chiffres atteignent les sommets du sordide.

Et pourquoi ? Pour assurer aux Etats-Unis une suprématie dans le golfe ? Ça n’a pas marché. Pour démocratiser le pays ? Son gouvernement est d’une instabilité et d’une fragilité totale. Les divisions ethniques sont plus fortes que jamais. Moqtada Al-Sadr, intégriste anti-américain notoire, a une forte emprise sur la population chiite. Sécuriser le pays ? Hobbes trouverait dans l’Irak un parfait exemple de sa société basée sur la crainte. Délivrer le peuple de l’emprise du dictateur et de son système ? Saddam Hussein est certes mort, mais depuis janvier dernier, des milliers de membres de son ancien parti Baas ont été autorisés à réintégrer l’administration.

A qui a profité ce bourbier ? Aux pétroliers ? Sans aucun doute. Mais abattre ainsi l’Irak m’apparaît surtout comme un joli cadeau envers son ennemi de toujours, l’Iran, qui a su renforcer son influence dans la région grâce à l’affaiblissement de son vieux rival. Les relations se sont certes réchauffées entre les deux Etats, avec la récente visite d’Ahmadinejad (un des hommes les plus dangereux qui soit). Mais Téhéran a pu concentrer toute son énergie sur un programme nucléaire terrifiant et sur la critique de l’Etat d’Israël, que son Président a qualifié de « microbe ». Un conflit avec cette puissance est aujourd’hui bien plus justifié que ne le fut celui avec l’Irak à l’époque. Il n’y a pas de casus belli pour le moment, mais toutes les conditions sont remplies pour qu’un jour une des grandes guerres du vingt-et-unième siècle y éclate. Reste à espérer que le peuple iranien ne continuera pas sur la voie tracée par son fou de Président, qui a rendez-vous avez les urnes l’année prochaine.

La guerre en Irak nous a montré les Etats-Unis dans tous ce qu’ils ont de plus détestables : sûrs d’eux, sourds aux appels pacifiques, irrespectueux des institutions internationales, et privilégiant la propagande pour faire passer la pilule. Un homme a largement contribué à la dégradation de leur image auprès des Français, c’est George W. Bush, qui continue de nier son erreur, ce qui serait pourtant une belle preuve d’intelligence et d’humilité. C’est la raison pour laquelle je souhaite, malgré ma considération pour Mc Cain, la victoire d’un démocrate à l’automne, pour que les Etats-Unis, qui restent nos alliés, abandonnent cette erreur au passé. Le fait que ce soit une femme ou un noir, signe d’une belle évolution des mentalités, ne ferait qu’encourager cette mue nécessaire.